Récits d'ailleurs 
                         
Mon ptit coin de Fantasy

    

Le fils des Vents.
Epilogue.

Finalement la ferveur des hommes l’encouragea à quitter la contrée montagneuse pour se diriger vers le sud. Il survola des villages, des forêts, des cités qu’il reconnut à peine même si la terre, elle, n’avait guère changé. Il atteignit la cité des miroirs, Galadorm la bien nommée. Elle embrasait l’éther d’une vénération retrouvée à l’égard de son Protecteur, le dragon Moesmihr. Il s’y coula avec délice.
Plus tard, il pista l’empreinte parcellaire du Maître-dragon jusqu’aux Terres Mortes. Là, une nuit, il le découvrit enfin. Ce n’était encore qu’un enfant. Ce que l’Admirable lut de lui, dans l’Invisible, chamboula son jugement. Après un court survol du campement, le dragon poursuivit sa route sans désir de forcer le Destin.
Ils se retrouveraient. Plus tard. Pour ces Seigneurs des airs, le Temps avait peu de sens. Il lui fallait d’abord réfléchir aux Devenirs entrevus. Le Maître-dragon viendrait à lui. Leurs avenirs étaient intimement liés. La survie de son trésor en dépendait. Shahomhir l’Ardent n’était plus seul désormais.
Cette nuit-là, le dragon survola le lat-Arhin. Il aperçut les tours d’Orsand, la citadelle des Gris qui brillait comme un phare dans la nuit, ce qui confirma ses premières déductions. Les Temps du Changement approchaient. Il ne résista pas à l’envie de pousser au-delà du Mur. Le Seigneur des Airs plongea entre les cascades de rideaux vaporeux. La créature des premiers âges ressentit à peine les milliers de flammèches qui dansaient le long de la rangée d’épines dorsales acérées et sur les écailles couleur de braise. Lorsqu’il surgit sur l’Autre Bord, une immense tristesse l’étreignit, d’emblée. La malédiction des Autres ; sans doute l’aurait-elle affecté sans cet espoir né de la rencontre avec l’enfant perdu. Une étendue morne se perpétuait indéfiniment dans un camaïeu de blancs lépreux, dénuée de fantaisie et de vie. Le silence des sépulcres régnait de ce côté. Il plana un temps au-dessus de la multitude immobile qui faisait face au rideau flamboyant. Des milliers d’êtres, humains et non-humains, mâles et femelles, appartenant à toutes les races que ce Monde avait connu par le passé, vêtus de costumes ayant semble-t-il traversés les époques. Des êtres de chair, pétrifiés entre vie et mort.
« Ils attendent, songea le dragon avant de virer de bord. Ils attendent l’ordre de traverser. »
A l’aube, lorsqu’il retrouva le logis au cœur des Thielvériles, il ne réussit pas à effacer le spectacle de ces malheureux prostrés à la frontière du Blanc Pays.
La vision d’une armée prête à fondre sur les ruines du Continent.
L’armée des Autres. 
 
Troisième Tome du Cycle d’Yrathiel : Le Maître-dragon.


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