Récits d'ailleurs 
                         
Mon ptit coin de Fantasy

    

L'enfant perdu.
Livret 2 : L'antique Forêt de Brye.

 
Chapitre 9 : La nuit de l'Appel. (2)

Le Gasthil haussa les épaules avant de constater : « J’aurais dû t’accompagner jusqu’aux collines afin de m’assurer qu’il ne t’arrive rien de fâcheux. ».
— Mais, vous, Maître, pourquoi n’êtes-vous pas parti avec les autres ?
— Et pour aller où, mon enfant ? Non, c’est ici-même que j’ai vu le jour. Dans ces bois que j’ai grandi. Je me vois mal vivre ailleurs qu’en la douce Brye. Je n’apprécie pas les voyages !
Il sourit de nouveau, ce qui, chez lui, était inhabituel. Sans-nom hocha de la tête avec sérieux.
— Je suis drôlement content que vous soyez resté !
— Merci, mon enfant. Mais ce n’est pas cela qui arrangera nos affaires. Pour ta propre sécurité, il te faut rejoindre les Gris au plus tôt. Reste ici pour le moment. Et repose-toi. 
Sur ces mots, il quitta la masure sans plus d’explications.
Vers la mi-nuit, le Gasthil revint. Il portait un sac de toile sur le dos qu’il déposa près de la table en faisant attention de ne point réveiller l’enfant. Il en sortit une ceinture, un fourreau en cuir, un couteau à large lame et une courte cuirasse en cuir robuste, ajustée aux épaulières à l’aide d’anneaux de fer. Après avoir longuement contemplé Eliathan, il s’agenouilla près de lui. Avec une douceur inattendue, il le secoua afin de l’éveiller.
— Vite, on doit quitter ce val. Brye brûle. Passe ceci sous ta chemise et ceins cette ceinture. Attention de ne pas te blesser avec la lame, le fil en est très aiguisé. Reprends ton paquetage, j’y ai ajouté des provisions pour la route. A présent, gagnons les Bas. Je défis n’importe qui de nous y déloger.
D’abord ils empruntèrent un sentier qui tournait le dos aux incendies. Sans-nom pressait le pas pour rester à la hauteur du géant. Pas très rassuré. Autour d’eux, les appels des oégirs s’élevaient en nombre. Les Bas se situaient à l’est de Brye, proches des falaises océanes. C’était un réseau de grottes et de boyaux où les peuples de la Sylve avaient l’habitude d’installer leurs nids. Par d’interminables couloirs souterrains, de vastes salles aux eaux stagnantes, les Bas offraient de nombreuses portes de salut vers les Marais d’Arès. Seulement, pour y parvenir, il leur fallait parcourir près du tiers du vaste royaume forestier. La nuit n’y suffirait pas.
Ils traversèrent une série de petits bois de hêtres très denses où Sans-nom faillit perdre à plusieurs reprises son immense devancier. Peu à peu, le sol, jonché de sa perpétuelle litière de feuilles, s’assécha car ils grimpaient vers des terres plus élevées. Alors les arbres s’espacèrent. Des roches affleurèrent ici et là. Ils n’avaient plus aucun signe des oégirs depuis un long moment. Pour un peu, Sans-nom aurait goûté avec plaisir à cette longue course nocturne à travers la bien-aimée forêt de Brye. Même le Maître des Arts Combattants ralentit l’allure. Il cherchait à l’évidence à économiser leurs forces.
 
Une butte abrupte dominait les bois alentours. Des rochers granitiques en hérissaient les flancs. Trois silhouettes se détachèrent du sommet. Le Gasthil poussa un grognement. Puis il chargea, le corps enveloppé d’un orbe de lumière froide et blanche. Un long manche fuselé, terminé par une lame courbe cristalline, se matérialisa entre ses mains. Deux des créatures bondirent à sa rencontre tandis que la dernière, tête penchée vers l’arrière, lançait un long appel triomphant. Tétanisé, Sans-nom resta cloué sur place. Il regarda le professeur embrocher le premier homme-poisson, le soulever comme un fétu de paille pour le projeter violemment contre les rochers. La langue de cristal virevolta puis décapita proprement le suiveur. La tête grimaçante rebondit sur le chemin. Sans-nom l’évita d’un bond, subjugué. Le Gasthil atteignit le crieur avant même que le second corps n’ait chu au sol. L’oégir tenta vainement de dévier l’arme létale avec un court épieu. Peine perdue. Elle déchira la poitrine, de l’épaule à l’aine. Le malheureux tomba à genoux. Il chercha à refermer la plaie sur ses entrailles qui s’en échappaient puis mourut.
Lorsque le garçon rejoignit le maître des Arts Combattants, celui-ci lui montrait du doigt un point derrière eux. Dans les lueurs blafardes de l’aube, plusieurs ombres se glissaient entre les arbres. Ils dévalèrent le chemin. Le Maître s’arrêta dès qu’ils se furent suffisamment éloignés. Il lui fit signe de garder le silence. Alentours, des clameurs, nombreuses, confirmèrent ses craintes. Dans son regard attristé, l’enfant découvrit un doute naissant.
— Difficile de rejoindre les Bas avec ces loups sur nos talons.
— Mais vous les avez vaincus facilement.
— Ils n’étaient que trois, petit, grimaça-t-il en s’agenouillant à sa hauteur. Tu vas devoir me prêter main forte et te battre avec bravoure. N’oublie pas ce que je t’ai appris.
— Personne ne viendra à notre aide, n’est-ce pas ? Nous ne sommes plus que vous et moi, Maître.
Le Gasthil le regarda fixement. Puis il se frappa la poitrine d’un geste rageur.
— Tes paroles sont celles de la providence même, mon garçon. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plutôt ? Il nous reste un vieil ami qui se fera un plaisir de nous aider. Avec tout ce chambardement, j’ai bien failli oublier ce vieux chenapan.
Des appels jaillissaient à présent de toutes les directions.
— La combe n’est pas très loin d’ici ; nous réussirons à l’atteindre avant que la tenaille ne se referme. Sers-toi de ton bâton si cela devient nécessaire.
Le garçon tira le sabre en bois du fourreau qu’il portait à l’épaule. Une étrange euphorie noyait la peur. C’était la première fois qu’il l’utiliserait lors d’un véritable affrontement. Il l’éleva à hauteur de visage, la gorge trop sèche pour parler.
— Malheurs à ceux qui se dresseront sur notre route ! conclut le géant roux en se détournant.
Le premier mourut la gorge proprement tranchée, puis les suivants connurent des sorts aussi irrévocables. Sans-nom l’aida de son mieux. Le fils de Tyrson asséna un coup violent sur le crâne de l’oégir squelettique qui s’était glissé dans le dos du Maître des Arts Combattants, avec une telle hargne que tout son corps en trembla longuement. L’homme-poisson s’effondra.
Finalement les fugitifs atteignirent le repère de Vieux Saule. Sans-nom n’y était pas revenu depuis plusieurs cycles. Comme il hésitait à s’y engager, la poigne du grand Maître l’incita à dévaler précipitamment la rocaille. Une odeur désagréable de putréfaction empestait l’endroit.
— Neyca, naotsayh Neyca, réveille-toi, vieil embranché !
Sans-nom sentit les poils de ses bras se hérisser lorsqu’une voix grincheuse répondit placidement au Gasthil qui s’impatientait. L’enfant se plaça vivement derrière lui, souhaitant au mieux disparaître.
— Maître Gasthil, mon ami. Cela fait bien longtemps. Pourquoi viens-tu troubler mon repos ? Quelle est donc cette nouvelle farce ? Et qui est cette petite fouine qui t’accompagne ? Mais… Oh mais… voilà une bien étrange surprise. Que les Dieux me foudroient, si ce n’est pas là ce sale petit rôdeur. Comme tu me déçois, mon ami ! Te voir en si pitoyable compagnie.
— Neyca, je n’ai que faire de tes sarcasmes. L’heure est grave.
— Je sais, mon ami. Laisse-moi juste le plaisir de m’amuser un peu. Je me sens orphelin depuis le départ de notre Dame.
Le Maître des Arts Combattants s’avança de plusieurs pas. Il plaça Sans-nom devant lui, les énormes mains posées sur les épaules de l’enfant.
— Naotsayh Neyca, l’enfant doit être protégé. La fange de l’océan a envahi notre belle Brye. Accorde-nous ton aide. La Dame approuverait ce choix.
— Evidemment ! Evidemment qu’elle l’approuverait ! Ainsi nous combattrons ensemble. Un ultime combat. Pour notre Dame, Gasthil. Pour elle seule.
Les branches basses s’agitèrent sans qu’aucun souffle ne s’élève à proximité. La voix rocailleuse reprit avec une pointe d’ironie : « Approche si tu n’as pas peur de salir tes magnifiques bottes brodées. Glisse-toi contre mon flanc. Là, voilà, rampe sans crainte. Vieux Saule n’est pas rancunier. Sois le bienvenu. »
Le Gasthil leva la main droite en signe d’adieu lorsque Sans-nom se retourna une dernière fois, hésitant, le visage bouleversé. Puis le garçon se fondit au sein du réseau racinaire.
— Attention, gronda Vieux Saule, la chienlit arrive. 
Les bords de la Combe s’éclaboussèrent de la lumière des torches. Leurs porteurs étaient si nombreux qu’il lui fut impossible de les compter. La longue lame cristalline étincela au poing du Maître des Arts Combattants. Puis, dans un vacarme assourdissant, les envahisseurs venus de l’océan investirent la large dépression.
 
La foule se pressait aux abords de la palissade en rondin. La peur se lisait sur les visages tournés vers l’antique forêt de Brye. La honte et la colère, également. Un rideau de flammes courait le long de la lisière. Une odeur âcre empuantissait l’air glacé. On était en Helver. Il avait plu dru plusieurs jours durant. A la lueur du brasier, de minuscules silhouettes dégingandées parcouraient les collines et apportaient de lourdes barriques qu’elles fracassaient avant de les enflammer. Sorcellerie. Le Feu d’Elme, celui-là même qui, lors de la chute des royaumes humains, ravagea la cité d’Elvira et la Citadelle-bibliothèque d’Osher. Tant que les pourvoyeurs maintenaient suffisamment longtemps leurs emprises, le Feu ravagerait Brye. Sur le chemin boueux qui menait à la Croisée des Routes, un petit groupe en cuirasse se concertaient, la mine défaite. Face à eux, une trentaine d’oégirs gesticulaient et hurlaient leur soif de sang. Le Mestre Guerdand, un petit homme rondouillard, se tenait à droite du Mystic Tolvédian Olris, Commandeur de Massilia depuis deux cycles. En toute hâte, il avait revêtu un plastron léger, gravé et doré, qui lui donnait un air pompeux. Il ne portait aucune arme. Deux de ses cinq Magisters l’accompagnaient.
— Mystic Olris, intervenez pour que cesse ce sacrilège ! J’enrage de rester ainsi, impuissant !
L’Homme Gris baissa la tête vers le premier personnage de Massilia. Le visage terreux, creusé, le regard las.
— La Dame a répondu à l’Appel ce matin même. C’est pour cela que ces démons agissent de la sorte. Même si nous réunissions la totalité de votre milice, Honorable, je doute que nous puissions les bouter hors des prés, répéta-t-il d’une voix basse pour la troisième fois. Ces chiens galeux sont aussi nombreux qu’une nuée de sauterelles. Et ne les sous-estimez pas. Le peuple de l’océan est un rude adversaire, impitoyable et cruel. 
— Croyez-vous qu’ils s’en prendraient à notre chère cité ?
— Non. Mieux vaut rester vigilant. Laissons-les brûler quelques arbres s’ils le veulent.
Se rapprochant du géant, le petit homme prit un air de conspirateur.
— Et l’enfant ? Avez-vous songé à lui ?
Le Commandeur Olris le foudroya du regard : « Je ne pense qu’à lui ! Ces démons le payeront chèrement s’il lui arrive quelque chose. J’ignore où il est à l’heure actuelle. Il devait rejoindre la Commanderie dans la journée. Je prie les Inconstants pour qu’il soit sain et sauf. »
Impuissants, ils demeuraient là, à contempler les oégirs déverser les huiles ensorcelées du Feu d’Elme. La colère les rongeait. Bien après la mi-nuit, une cavalcade endiablée naquit du côté de la Grand Route.
Accompagné des quatre varts que comptait la toute nouvelle Commanderie de Massilia, le Commandeur s’élança vers la Croisée. D’un geste ample, plein de grâce, les Gris dégagèrent leur khanna de son fourreau dorsal. Aucun des humains présents ne leur emboita le pas.
Alors surgit une équipée guerrière à la lueur de flambeaux tenus par plusieurs cavaliers. Ils étaient deux cents à chevaucher de splendides mult-liots caparaçonnés, aux chanfreins munis de pointes. Des oriflammes claquaient dans la course furieuse du Troisième clan. Ils fondirent sur le groupe d’oégirs. Sous les coups de boutoirs des khannas brandies, des corps volèrent. Les mult-liots les broyèrent sous leurs sabots ferrés. L’un des géants gris détourna sa monture vers la cité. Il rejoignit au trot ses compatriotes. Ils conversèrent autant par les mots que par les gestes. Puis le cavalier leva haut la lame courbée. Hurlant tel un damné, il s’élança vers la lisière.
A sa suite, les nouveaux arrivants se déployèrent sur deux lignes. Parmi les hommes-poissons, c’était une vaine débandade. Certains tentèrent de fuir vers l’océan, aussitôt pris en chasse par des cavaliers qui les embrochaient comme de vulgaires volailles au bout de leurs lances enrubannées. D’autres préférèrent affronter le souffle du brasier.
Au pied de la cité, un tollé d’acclamations salua la brève altercation. D’interminables minutes s’écoulèrent tandis que les cavaliers faisaient face au rideau de flammes, impuissants. Peu à peu, la source du maléfice anéantie, le foyer baissa d’intensité pour s’éteindre enfin. Alors, les cavaliers s’avancèrent à pied parmi les troncs noircis et fumants. Seul un carnage pouvait apaiser le feu qui les habitait.
Une dizaine d’entre eux suivirent le Mystic Mondolini, familier de ces travées forestières. Une fois la zone incendiée franchie, Yvan s’orienta avec facilité. L’Appel l’avait surpris alors qu’il quittait Aléaléam sur le chemin du retour. Lorsque le Mystic Mondolini aperçut les lueurs des incendies dans l’obscurité nocturne, une folie meurtrière s’empara de lui. A présent, une petite voix obstinée lui murmurait qu’il avait failli.
En d’autres lieux, les varts du Troisième clan massacraient chaque créature qui s’aventurait à les affronter. Le fer bleui des khannas se teinta d’écarlate, ainsi que les plastrons et les dossières d’ordinaire étincelants. La miséricordieuse marchait dans leur sillage. La matinée était déjà bien entamée lorsqu’une importante troupe d’oégirs leur tendit une embuscade. Les féroces combattants des Hauts Fonds se jetèrent sur les Hommes Gris en hurlant. Seulement ils brandissaient de courts épieux, durcis au feu et le combat fut bref. Avec un calme terrible, les Protecteurs firent front à plus du double d’assaillants. Leurs gestes avaient la souplesse et la précision chirurgicale d’émérites épéistes. Les khannas tranchèrent des membres, des têtes, éventrèrent des poitrines offertes. Les oégirs moururent jusqu’au dernier.
 
Dans la Ronde des Arbres, Yvan, accompagnés de ses fidèles lieutenants, ne trouva que ruines et désolation. L’herbe était roussie, la terre labourée par endroit. Des mats de bois brut portaient les étendards des Hauts Fonds, noirs et ocre, décorés de crins de liots. Les Protecteurs se précipitèrent pour les jeter à bas. Sur le tertre central, les roches étaient brisées, renversées sur le flanc, souillées de sang et d’excréments. Au pied du tertre, les épaules affaissées, le Mystic Mondolini retira son casque doré sur lequel se dressait le dragon du Troisième clan. Il pleurait silencieusement la débâcle d’un rêve. Autour de lui, les varts respectaient sa douleur, anéantis. Soudain, Lido courut vers lui en l’appelant à plein poumon : « Yvan, Yvan ! ». Mondolini redressa la tête, le regarda approcher, le visage fermé.
— Yvan ! Il faut que tu voies ce que nous avons trouvé à deux pas d’ici. C’est incroyable.
— Nous te suivons.
Ce dernier entraina dans son sillage les Voyageurs, trop heureux de quitter ces lieux funestes. Ils gagnèrent les hauteurs. Au bord d’une large dépression les attendaient d’autres guerriers silencieux. Le Mystic traversa leurs rangs. L’endroit avait été le théâtre d’une lutte sans merci comme le témoignait le monceau de cadavres qui en jonchait les flancs. Au centre, la masse du Sylvestre se consumait encore, ravagé par le feu d’Elme. Autour de lui gisaient un nombre incroyable d’hommes-poissons dans de grotesques postures. L’affrontement avait été acharné.
Soudain, Yvan dévala la pente. Il foula sans vergogne la charogne qui l’empêchait d’atteindre le Gasthil. Planté droit, ce dernier émergeait à peine des corps sans vie de ses tourmenteurs. Un épieu fiché dans l’œil droit, le crâne fendu en deux endroits. Comme possédé, Mondolini entreprit de repousser les cadavres amoncelés autour de lui. Des varts accoururent pour l’aider. Ensemble, ils parvinrent à extraire le grand corps roux. Ils dégagèrent un espace sur la rocaille et l’y déposèrent avec respect. Mondolini apostropha les Hommes Gris d’une voix lugubre, presque méconnaissable.
— Recherchez l’enfant. Ce brave s’est battu comme un diable pour défendre Eliathan. Et nettoyez-moi ce sanctuaire de cette vomissure. 
Avec empressement, les Hommes Gris s’attelèrent à cette double et terrible tâche. Ils chargèrent les cadavres hors de la combe. Ils recouvrirent le corps du Maître des Arts Combattants d’un linceul de roches. L’anni-khanna d’Eliathan fut découverte entre les assises de Vieux Saule. La poignée lacée de cuir émergeait d’une imposante racine. Ils furent plusieurs à essayer de l’en retirer mais en vain. Finalement le vart Muliris alla quérir leur Mystic qui pénétra jusqu’aux genoux dans l’eau putride. Il examina longuement l’inclusion. Il effleura des doigts les pourtours de la lame, l’endroit d’où elle s’échappait de l’étau de bois, puis tenta à plusieurs reprises de l’ôter. Yvan reconnut immédiatement le cadeau offert à Sans-nom lors des fêtes de Torj, deux cycles auparavant. Devant ses yeux flottait le visage souriant de l’enfant qu’il avait appris à apprécier puis à aimer.
Ses mains, gantées d’acier, reposèrent finalement sur l’écorce charnue. La mort dans l’âme, il entama une ode funèbre. Elle saluait les braves tombés afin de protéger l’enfant, et l’enfant lui-même, mort sans aucun doute sous les coups des loups venus de l’océan. Alors un ultime frémissement agita le colosse abattu. A travers les chapes du chagrin, l’imploration s’insinua lentement jusqu’à son esprit d’homme de bien : « L’enfant perdu est sauf ! Retrouvez-le et protégez-le, seigneur des Gris ! » Sur ces mots mourut le plus ancien des Sylvestres.


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